Transalpes – étape 1
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Je m’appelle « INUK »
Bonjour,
Comme promis, nous voila en direct pour un mois complet ensemble. À 5 jours de prendre l’avion pour arriver à Roissy le 26 janvier le matin, avec Air-France, dont je tiens à remercier pour le transport, je vais vous présenter mes compagnons, mes « Gamins » comme j’ai l’habitude de les appeler. Et pour commencer :
GANAC 9 ans : Ma chienne de tête. Elle avait déjà cette tâche dans mon expédition « Nunavik 99 ».Une battante.
KAYNE 4 ans : Un mâle. N’aime pas s’arrêter.
INLET et IRYAM 6 ans : Deux sœurs. Elles ont le rôle de relancer l’attelage dans l’effort et de donner un rythme. Elles sont adorables. Inlet est également une chienne de tête.
GRIFFIN 9 ans : Un mâle très vaillant.
LOONA 3 ans : Une femelle très prometteuse. Travailleuse et déterminée. Une fille de Ganac.
IGOR 6 ans : Un mâle. Le beau Igor comme je l’appelle. Il le sait. Un peu macho mais travaille sans relâche.
IGLOOLIK 7 ans : Elle fait souvent la une des couvertures de magazines. Dominante, travailleuse, elle sait ce qu’elle veut.
INUK 6 ans : Le frère d’Igor. Même caractère de macho.
IQALUIT 6 ans : Également le frère de Inuk. Quelle force ! Son rôle est de sortir le traîneau des mauvaises postures.
G’AMAROK 9 ans : Un mâle rusé mais efficace dans le travail.
ÉTOILE bientôt 11 ans : Ma doyenne du cheptel. Souvent fofolle, mais une très grande travailleuse et quelle expérience !
LUCASSIE 4 ans : Un mâle. Il est beau, travailleur, joueur, les femelles craquent !!
KAYAK presque 5 ans : Une femelle Inuit du Canada. Un paquet de nerf !! Mais quel travail !!
LUGALIK 4 ans : Un mâle Inuit du Canada. Il a de la force à revendre. Un battant. Il sort le traîneau de toutes les positions.
Les noms soulignés sont les chiens qui ont été mes compagnons dans ma dernière expédition en Arctique au Nunavik. Il est toujours difficile, pour moi, de faire un choix pour en sélectionner 15. Il y a bien sûr quelques favoris, de caractère, de travail, et surtout d’affinité entre eux.
Aucun chien de mon équipe connaît les montagnes comme les Alpes. Après la toundra, la banquise, cela va leur faire drôle de se trouver à grimper des cols à 3000 mètres ! Ce ne sont pas les kilomètres qui les effrayent, ils en font, actuellement, tous les jours 40 à 50 km. Mais par contre, cela fait depuis le 20 novembre qu’ils travaillent par moins 20 degrés de moyenne avec des jours et surtout des nuits à moins 30 °C.
Alors le problème va être la chaleur pour eux. Ils ont leur fourrure d’hiver Grand Nord et même moins 10 en plein travail, il va faire chaud pour eux et pour moi de même !
Attention la déshydratation !! Je prévois tout ce qu’il faut pour cela.
Pour les pattes, j’emporte 50 paires de bottines pour eux. De la pommade spéciale, du zinc, et ce que j’appelle l’incontournable, les pilules miracles contres les Gastros !!
Matériel ? Un bon traîneau en bois, un toboggan de 3 mètres et le matériel habituel.
Nourriture : Question épineuse pour moi. Il n’est pas question d’emporter la nourriture que j’utilise au Canada. Impossible de transporter. La nourriture que j’utilise au Canada je la prépare à base de moulée, viande de poulet, viande de caribou, graisse de castor et de saindoux, etc… et le tout congelé !
Et pas un seul commanditaire s’intéresse à cette course ! Alors on verra !
Lundi 22 janvier 2001
Il fait moins 25 degrés et sec. Les derniers points techniques sont en train de se régler. On essaye de ne rien oublier.
Les chiens sont au top. Ils viennent de rentrer d’un raid d’une semaine de 240 km sur 5 jours.
Pour ma part, je n’ai pas pu faire l’entraînement physique que je comptais faire. Trop de paperasse et de choses à préparer !!
Jeudi 1er février.
Après avoir passé plus de quatre heures à Roissy pour contrôle vétérinaire, papiers à faire signer, ma bande à quatre pattes a pu, enfin, prendre la route vers Strasbourg dans une très belle remorque gracieusement prêtée par mes amis Blaess venus spécialement pour l’accueil.
Pour ma part j’ai pris possession d’une Renault Kangoo de mon éditeur Bilboquet. Mais voilà, qu’en route, à la hauteur de Reims, la gendarmerie nationale française, toujours aussi avide de ramasser des sous, m’arrête pour avoir écouter, à peine trente seconde, un message sur mon portable.
« Veuillez-vous garer. Papier de la voiture, permis de conduire, vous venez d’être pris par une voiture banalisée en train d’utiliser votre portable » dit-il ,ce jeune gendarme ! Dans sa belle veste d’un bleu azur à éblouir mes yeux si fragile. Pas moyen de lui faire comprendre quoi que ce soit. Un règlement doit être suivit à la lettre.
« C’est 150 francs » Ce n’est qu’une suite logique de l’état fonctionnaire que je venais de découvrir depuis ce matin.
Mais, comme dans tous les pays, je remarque aussi que la police n’ait jamais là pour les vrais infractions. Combien de véhicules mon doublaient à plus de 150 km/h, des fous qui zigzaguent entre les voitures…..
21h. Me voilà arrivé à Bernardswiller où je peux enfin retrouver mon épouse, Anne-Françoise si impatiente de me retrouver et moi de même.
Samedi 27. Quelle belle journée sur cette place Kléber où le public, nombreux, vient voir mes « Gamins ». La pluie et le vent sont malheureusement également au rendez-vous, mais cela n’a pas empêché mes Gamins de se prêter aux nombreuses photos souvenirs.
Du 29 janvier au 1 février. Départ pour les Alpes. Après avoir installé les chiens dans la remorque et le fourgon, vérifier tout l’équipement, me voilà en route pour les Saisies. Première sortie pour les chiens, premiers sur la neige des Alpes. Pour cet apéritif je décide de monter au col du Very. Comme des fous. Ganac en tête, et kayak en queue, il nous a fallu à peine 20 minutes pour faire l’aller et retour. Première sotie réussie. Ils sont fin prêt.
Rendez-vous maintenant à Auron, le samedi 3 février pour le prologue de cette merveilleuse traversée des Alpes PEV.
Mais n’oubliez pas que tout ce projet « RÊVES ET DÉFIS JEUNESSE » est un voyage et une rencontre de 6 jeunes collégiens et 6 handicapés mentaux, tous accompagnés, aux Contamines Montjoie lors du final de la Trans Alpes.
No 11 No 22
Samedi 3 février 2001 : prologue à Auron station de ski au dessus de Nice.
Arrivée la veille dans cette charmante station de Ski d’Auron, fréquentée surtout par une clientèle niçoise et monégasque, je retrouve avec beaucoup de sympathie, Serge Morel, l’organisateur de cette Trans Alpes. Douze ans que nous ne nous étions pas revus. Je revois aussi un ami de longue date, Gilbert Muller. Venu tout spécialement de Suisse pour m’encourager, comme d’ailleurs bien nombre de gens qui savaient ma présence sur cette Trans Alpes.
Mon équipe, avec Manu comme responsable du côté technique et des chiens, Olivier et son amie Sandrine, pour la partie promotionnelle. Tout le monde se rôde et apprend à se connaître. J’ai une pensée toute personnelle pour Anne-Françoise, mon épouse, qui aurait tellement voulue être de la partie, mais, restée en Alsace avec fils Anthony, collège oblige…
Mes chiens sont en forme, il faut dire qu’ils n’ont pas travaillé depuis plus 10 jours. Décalage horaire récupéré, nouvelle alimentation assimilée, tout à l’air d’aller au mieux pour eux sauf la chaleur. Kayak, toujours aussi remuante, Lugalik, mon autre chien Inuit, n’attend que le départ pour montrer aux Huskies Européens ce dont il est capable. Le départ ce situe vers 17h. Pour le spectacle, j’accepte d’atteler les 15 chiens. La température est au-dessus de zéro degré, et mes compagnons commence un peu à tirer la langue.
16h30, l’adrénaline monte autour de moi. Les autres concurrents, au nombre de huit, se préparent. Et oui ,peut ose s’aventurer dans une telle traversée, Pour ma part, je prends mon temps, comme quand je suis sur la banquise à la veille de partir pour un raid de plusieurs jours. J’installe ma ligne de trait. Vingt mètres de longueur. Cela impressionne plus d’un spectateur !
16h45. Ganac, assise en tête bien sagement tend la ligne selon son travail qu’elle connaît. Puis un à un, l’équipe est placée selon le rituel d’atteler de l’avant vers l’arrière. Mais avec l’excitation des chiens des autres concurrents, Kayak, Lugalik, Iqaluit, Igor, Inuk, se mettent de la partie pour de faire décoller le traîneau. Ils y ont réussi. 5 personnes pour retenir mon traîneau, et pour ma part, je calme tout la meute.
17h08. GO ! Une fusée… La suite, est une partie de grands virages à négocier par la force des bras, et, avec la légèreté de mon traîneau mes chiens n’ont rien trouvé d’autre que de casser l’amortisseur. C’était à deux doigts de les voir partir et moi rester sur place. Je répare dans mon calme habituel. Par la suite, pour offrir un beau spectacle je me prête à finir le trajet, le pieds sur le frein, pour permettre au cameraman de TF1 de prendre de merveilleuses prises de vues. À l’arrivée, me voilà bon dernier et content des félicitations de beaucoup de gens sur la beauté de mes « Gamins ».
Première étape – dimanche 4 février : Après avoir effectué, la veille, le prologue à Auron, on part pour Saint Étienne de Tinée. À peine 18 km !
Départ 9h. Il s’agit tout d’abord de rejoindre le point de départ qui se trouve niché sur les hauts d’Auron. On me conseille d’atteler que 8 chiens étant donné la configuration du terrain accidenté. Dès le départ je laisse mon attelage prendre un petit rythme pour permettre à tous mes chiens de s’habituer à la chaleur qui persiste toujours. Je me prête à nouveau pour de belles images pour France 2 ce qui accentue le retard sur les autres concurrents de 10 minutes environs. La fin de l’étape se passe sur un pierriers où je ne découvre plus le moindre brin de neige. Mais on ne fait que de commencer et, comme pour un Tour de France cycliste, les étapes de hautes montagnes et plus longues, je m’en réjouis. Et le chrono est loin d’être ma motivation première.